Obras et le collectif AJAP14, commissaires du Pavillon français à la Biennale d’Architecture de Venise

Obras et le collectif AJAP14, commissaires du Pavillon français à la Biennale d’Architecture de Venise

31 mai 2016

Il fut un temps où l’Architecture, c’était naturellement l’architecture pour tous, en lien avec l’économie et les évolutions sociales. Dans un certain sens, Jean-Louis Cohen a témoigné lors de la dernière Biennale de cette énergie politique, de la mobilisation de l’industrie, de la créativité nécessaire pour étendre le plus largement possible les effets de l’architecture. Nous avons été baignés de ce positivisme. Le travail de Gropius et de Taut – des dizaines de milliers de logements, pour tous, à une qualité optimale –, les engagements humanistes d’Alvar Aalto, l’inventivité généreuse de Prouvé, l’extraordinaire bouillonnement sur le logement, encore dominant il y a vingt ans, est notre héritage. Il faut dire qu’il naquit dans un siècle traversé par deux guerres, qui nous laissa, à deux reprises, exsangues et dévastés, où il fallut reconstruire, puis croître, à toute vitesse. Souvenons-nous que la maison Domino de Le Corbusier est une réponse aux désastres des premiers mois de la « Grande Guerre » autour de la frontière belge. Nous étions il y a près d’un siècle dans l’état que les réfugiés d’aujourd’hui ont quitté. Assoupis désormais dans le confort déclinant qui est le nôtre, il faut qu’Aravena nous secoue, et restaure comme une évidence la nécessité de cet engagement passé.